Notre éthique forestière
La forêt est un espace partagé d’un grand intérêt écologique et dont il faut préserver la multifonctionnalité des usages en bonne intelligence avec nos usages de bois-matériaux et combustibles. Cette page vous permettra de comprendre les valeurs éthiques qui prévalent en forêt pour la SCIC BEL : conforter la diversité des essences, encourager la filière bois d’œuvre en circuits courts, favoriser une sylviculture durable et responsable.
La forêt locale est en expansion, et en Quercy moins de la moitié de l’accroissement annuel est récolté…La forêt n’est que peu entretenu, et nous ne pouvons pas en tirer pleinement les bénéfices environnementaux que nous imposerait pourtant les enjeux climatiques. La SCIC Bois Energie Lot vise à valoriser la forêt durablement en circuits courts. Les combustibles bois déchiqueté ainsi mobilisés proviennent de chantier d’exploitations forestières à taille humaine, sur les départements du Lot et limitrophes.
Les salariés de BOIS ENERGIE LOT promeuvent une sylviculture durable et respectueuse de la biodiversité. Ainsi, ils sont formés à la sylviculture irrégulière (https://prosilva.fr/), et les chantiers BEL sont pensés de façon à favoriser la régénération naturelle des peuplements.
La forêt Lotoise et l’énergie : un potentiel très conséquent
Les scieries artisanales, support des territoires en transition énergétique
La SCIC BEL s’appuie sur la forêt paysanne et les scieries locales pour structurer ses approvisionnements. En soutenant ces filières, c’est le maintien de circuits court existants mais paradoxalement en danger que la SCIC BEL souhaite défendre et conforter.
Le bois comme matériau fait l’unanimité quant à son intérêt environnemental : utilisé dans la construction, il permet de substituer des matériaux dont le contenu en énergie grise est élevé tout en séquestrant du carbone pour de nombreuses années.
La transformation du bois récolté en matériau génère d’importantes quantités de co-produits (plus de 50% de la matière entrante) valorisables principalement en énergie. En fin de vie, le recyclage des matériaux bois est généralement la filière énergétique. La SCIC BEL valorise principalement aujourd’hui les co-produits de la transformation en scierie, ainsi que les « gros » rémanents d’exploitation forestière (les petites branches sont laissés en forêt pour favoriser l’humus forestier).
Si l’avènement des maisons à ossature bois est réel, il masque cependant une réalité moins florissante : nous utilisons moins de bois pour nos travaux…les parquets stratifiés ont remplacés peu à peu les parquets massifs, les fenêtres en PVC et en Aluminium supplantent les menuiseries bois, l’ameublement autrefois fabriqué en bois massif local est aujourd’hui principalement importé et fabriqué au mieux avec des essences moins durables (Pin, Epicea), et plus généralement à partir de déchets de bois (panneaux de particules). Le géant IKEA est iconique de ce mouvement de fond.
Dans cette conjoncture nationale défavorable, le Lot ne fait pas exception. Il reste une petite dizaine de scierie alors qu’elles étaient plus de 300 sur notre département au siècle dernier.
De surcroit, les scieries locales sont d’autant plus fragiles qu’elles sont restées de petite taille, contrairement à la tendance nationale qui voit l’apparition de très grosses unités supplantant les scieries locales et artisanales.
Le patrimoine bâti exceptionnel du Quercy oriente les maîtres d’ouvrages vers le bois massif et traditionnel. Pour rénover une vieille bâtisse Quercinoise, les charpentes massives s’imposent, le parquet et les fenêtres bois sont plus souvent retenus…
La SCIC Bois Energie Lot a d’abord pris le parti du partenariat avec ces petites scieries locales. Le sciage du bois produit autant de sous-produits que de matériaux utilisables en construction. Les dosses et délignures.
La SCIC BOIS ENERGIE LOT a conclu des partenariats avec les scieries artisanales suivantes :
- LASFARGUES à AYNAC
- VIGUIE à AYNAC
- GARRIGUES-COUFFIGNAL à GRAMAT
- CAPUS à Béduer
- GRANIE à MARTIEL
Ces petites scieries transforment entre 2000 et 10 000 m3 de bois par année, avec une grande diversité d’essences et de diamètre. Ces scieries généralistes sont adaptées aux circuits courts et à la distribution locale. Il est nécessaire de préserver ces outils du territoire, car le modèle de développement actuel de la filière forêt bois induit le développement de très grosses unités de sciage (entre 50 000 et 100 000 m3/an) adaptés à des produits forestiers très spécifiques (diamètre et essence), distribué à l’échelon national et à l’international
Graphique :
évolution du nombre de scierie en France sur 50 ans, (source Agreste)
La forêt Lotoise et l’énergie : un potentiel très conséquent
La forêt lotoise occupe une surface de 244 000 hectares et le département possède un taux de boisement de 47 %.
Si l’on identifie surtout à la forêt de causse sec, avec les emblématiques taillis de Chêne pubescent, elle est en fait très diverses et luxuriante dans certains secteurs : Le Ségala (entre Figeac et Saint-Céré) et la Bouriane (entre Catus et Gourdon), sont les territoires ou la richesse forestière est la plus importante : en productivité, et en diversité avec comme essences forestières principales les Chênes, les Châtaigniers, les pins Douglas et maritime, mais aussi le Hêtre, le peuplier, le mélèze… D’origine paysanne, la forêt Lotoise est très majoritairement encore détenue par une multitude de propriétaires privés (>95%), et se morcelle au fur à mesure des transmissions par héritages. Ce morcellement de la forêt privée constitue le principal frein à la sylviculture. Aussi, on constate un déficit de gestion de ces espaces : les paysages ont tendance à se fermer, et le risque d’incendies augmente. Pourtant, la forêt gérée durablement et conduite selon des sylvicultures adaptées est un atout pour les territoires : multifonctionnelle, elle doit permettre autant la promenade que la récolte de bois, et rendre ainsi d’inestimables services aux hommes.
Le bois énergie constitue l’un des débouchés, le plus important en volume, car l’exploitation forestière et la transformation du bois génèrent des quantités très importantes de co-produits. Le bois énergie peut être utilisé pour :
- La production d’eau chaude pour des usages domestiques (chauffage, ECS…) ou de vapeur pour les usages de process ou de cogénération ;
- La production de Gaz de bois pour le fonctionnement de moteurs, principalement aujourd’hui dans une optique de cogénération de chaleur et d’électricité ;
A ce jour, le bois énergie fourni déjà 48 kTEP, principalement par le biais de poêles et d’inserts installés chez les particuliers (45 kTEP). Il s’agit là principalement de la consommation de bûches de chêne. La consommation de bois dans les chaudières collectives est relativement restreinte aujourd’hui comparativement à la consommation des ménages : 5 kTEP/an sont consommées sous cette forme, à parts égales entre entreprises et collectivités. Par ordre d’utilisation : connexes de scieries et menuiseries (45 %), bois d’élagage routier (35 %), bois de classe A récupérés en déchèteries (10 %), bois forestier (10 %). Au-delà des (micro) réseaux de chaleur au bois développés à l’échelle européenne pour leurs évidents intérêts pour l’économie locale et l’environnement, vont se développer les centrales de cogénération. Les différentes études de ressources menées par Quercy Energies au niveau local ou par l’IFN/Solagro au niveau national, apportent la même estimation de la ressource supplémentaire :
– sous-produits (élagage, connexes de scieries…etc) : 2 kTEP
– rémanents forestier : de l’ordre de 15 kTEP supplémentaires en se
basant sur l’exploitation forestière actuelle (dont on projette de récupérer
les rémanents), et près de 50 kTEP si l’on projette d’augmenter significativement
l’activité forestière.[1]
[1] Note : les études de gisements sur le bois énergie sont réalisées à partir des volumes de bois sans valeur marchande actuellement : houppiers et branches abandonnées sur parcelles forestières, bois morts ou malades, bois d’éclaircie… Avec une appréciation des volumes exportés pour ne pas appauvrir les sols forestiers.
Les scieries artisanales, support des territoires en transition énergétique